Les pratiques esclavagistes ont encore de beaux jours au niger

par Souleymane Anza correspondant de la pana Niamey, niger (pana)

Les pratiques esclavagistes ont encore cours au niger, notamment au sein des communautes nomades, indique une étude menee par une ONG anti-esclavagiste "timidria", qui signifie "fraternité-solidarité" en langue tamachèque.
La survivance de ce phénomène s'expliquerait par "le silence complice" des autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières.
L´étude, intutilée "les insuffisances des textes legislatifs nigériens en matière d'esclavage", se fonde sur l'observation des données et des faits socio-juridiques liés à l'esclavage. Elle a été conduite par un groupe de trois juristes nigeriens et a été financée, pour le compte de "timidria", par "Anti Slavery International", une organisation anti-esclavagiste basée a londres.
L'etude rapporte que "des hommes sont castrés", comme Akidide en 1991 a Tchintabaraden (nord du pays) par le fils de son maitre, que des "personnes sont torturées et même marquees au fer rouge", "des mariages interdits parce que les prétendants appartiennent a des castes differentes et même l'eau potable est refusee a certaines personnes".
"Des enfants sont arraches a leurs parents, comme boulboulou, une jeune touarègue noire, volée à l'âge de quatre ans a ses parents par un touareg blanc, dans un campement au nord de tchintabaraden, puis vendue en 1984 à un chef de tribu arabe. elle fut mariée a un esclave de son maitre arabe pour faire des petits esclaves... de cette union, naît une fille, Djoumma, qui fut arrachée a l'affection de sa mère a l'âge de quatre ans pour être donnée en cadeau de mariage à la fille du maitre". Grâce a l'action conjuguee de la justice et de "timidria", Djoumma a été remise a sa mère le 19 janvier 2000. "

À Abalak (nord du pays), un touareg Noir a été sauvagement assassiné par des touaregs Blancs, parce que Zeinabou, une de leurs filles, était tombée amoureuse de lui", révèle encore l'étude.
L'esclavage, qui a subi des mutations en fonction des parametres historiques et geographiques, subsiste encore au Niger où il se présente sous trois formes.

L'étude propose l'adoption des textes legislatifs et règlementaires de prévention et de répression de l'esclavage, ainsi que des mesures d'accompagnement tendant a assurer une insertion sociale des anciens esclaves. Elle propose également aux pouvoirs publics l'édiction d'un ensemble de règles légales, visant a punir la pratique de l'esclavage et des règles speciales de procédures pour favoriser la saisine des juridictions en la matière.

L' ONG "timidria" a organise récemment un séminaire national sur le thème "contexte démocratique et survivance des pratiques esclavagistes au niger: quelles stratégies pour l'éradication". Au terme de leurs travaux, les séminaristes (professeurs d'université, magistrats, représentants des associations de défense des droits de l'homme) ont adopté des recommandations et résolutions demandant l´élaboration et l'application rigoureuse des lois anti-esclavagistes. Ils ont également préconisé la lutte contre l'ignorance par la sensibilsation et l'éducation des populations victimes du phénomène, la mobilisation de la société civile, la classe politique et la communauté internationale, ainsi que l'assistance et la mobilisation d'aide a la réinsertion des esclaves libérés.

Le président de l'association "timidria", Ilguilas Weila, souligne, avec force, que son association fera tout éradiquer a jamais l'esclavage au Niger.

"Tant qu'il nous reste encore un souffle nous lutterons de toutes nos forces pour que cette pratique honteuse et degradante n'ait plus cours dans notre pays, nous le ferons ...même au prix de notre vie, car il est proprement inadmissible qu'au 21ème siecle, l'esclavage ait encore droit de cité au Niger"

pana sa/jsg 4mai2000